Entre 2019 et 2024, le taux d’absentéisme en entreprise a bondi de 41 %, un phénomène qui touche particulièrement le secteur privé. Les arrêts de longue durée ont augmenté de 7 % en un an, et les troubles psychologiques en sont la première cause. Burn-out, dépression, anxiété : ces maux du travail coûtent cher aux entreprises, avec une estimation entre 60 et 108 milliards d’euros par an. Un chiffre colossal qui souligne l’urgence d’agir.
L’absentéisme est souvent perçu comme une contrainte organisationnelle à résoudre ou à limiter. Pourtant, lorsqu’il devient récurrent, cette problématique ne constitue pas seulement un défi opérationnel ou un simple enjeu de gestion des ressources humaines : il reflète un malaise profond chez les salariés, révélateur d’une détérioration de leur rapport à l’entreprise. Démotivation croissante, tensions internes non résolues, manque de reconnaissance ou conditions de travail insatisfaisantes sont autant de facteurs expliquant ces absences répétées.
Dès lors, il est pertinent de s’interroger : dans quelle mesure l’absentéisme peut-il être considéré comme un indicateur fiable du désengagement des salariés ?
L’absentéisme : plus qu’une simple absence
Certaines absences au travail sont inévitables, qu’elles soient liées à des raisons médicales, familiales ou administratives : il s’agit de celles que l’on appelle des absences involontaires. Toutefois, d’autres formes d’absence peuvent révéler un désengagement progressif du salarié. On parle alors d’absentéisme volontaire, marqué par des absences répétées sans justification réelle, ou encore d’absentéisme stratégique, utilisé comme moyen d’exprimer une insatisfaction profonde ou d’échapper à une situation professionnelle insatisfaisante.
Ces deux derniers types d’absentéisme traduisent généralement d’une baisse de motivation, de tensions persistantes non résolues, d’un manque de reconnaissance professionnelle ou encore de conditions de travail dégradées.
Ainsi, l’absentéisme ne doit pas simplement être perçu comme un problème administratif ou logistique à gérer, mais représentant comme un véritable signal d’alarme sur la santé organisationnelle et le niveau réel d’engagement des salariés.
Quand l’absentéisme devient un indicateur du désengagement
Le lien entre absentéisme et désengagement est souvent complexe à percevoir. En effet, un salarié absent peut aussi être un salarié désengagé. Mais quel est le mécanisme derrière ce phénomène ? En général, les salariés commencent par s’absenter de manière ponctuelle, avant que ces absences ne deviennent plus fréquentes. Ce désengagement progressif se manifeste souvent par :
- Une perte de sens au travail ;
- Une fatigue émotionnelle ou physique ;
- Un sentiment de dévalorisation, de manque de reconnaissance.
Dans l’étude menée par AXA Santé en 2025, il est clairement démontré que l’absentéisme est bien souvent associé à un manque de reconnaissance au travail. En effet, les salariés qui estiment que leurs efforts ne sont pas suffisamment valorisés sont plus susceptibles de se désengager, pouvant conduire à des absences répétées. Lorsque le travail devient source de frustration plutôt que d’épanouissement, l’absentéisme peut alors être perçu comme un mécanisme de défense pour échapper à cette insatisfaction.
Il est possible d’ajouter à cela une perte d’identification ou bien une rupture progressive avec les valeurs de l’entreprise, entraînant une prise de distance émotionnelle et physique.
Il est important de réagir face à ces symptômes montrant un désengagement collectif qui, à terme, fragilise l’ensemble de l’organisation.
Les conséquences pour l’entreprise : une spirale négative
L’absentéisme n’est évidemment pas sans conséquence pour l’entreprise. Au-delà du coût lié au remplacement des salariés absents, l’absentéisme peut entrainer une surcharge de travail pour les équipes présentes, créant ainsi de possibles tensions et un climat de travail tendu. De plus la baisse de moral qui en découle peut également affecter la productivité globale, entraîner une perte de cohésion d’équipe et nuire à la qualité du service et de ce qu’il propose.
Ignorer les signes d’un désengagement des salariés, en particulier, l’absentéisme récurrent ou sur de longues périodes peut avoir des effets à long terme sur la performance de l’entreprise. Les entreprises qui ne prennent pas en compte l’engagement de leurs collaborateurs risquent de se retrouver avec un taux d’absentéisme élevé, ce qui compromet leur bon fonctionnement et leur compétitivité.
Comment prévenir l’absentéisme : renforcer l’engagement des salariés
Afin de réduire l’absentéisme et prévenir le désengagement, il est essentiel pour les entreprises de mettre en place des actions concrètes visant à améliorer l’engagement des salariés en faisant appel à des professionnels comme le cabinet Présence Conseil afin d’identifier et de rétablir certains points comme :
1. La reconnaissance au travail
La reconnaissance est un facteur clé pour maintenir l’engagement des collaborateurs. Lorsque les salariés se sentent valorisés et que leurs efforts sont récompensés, ils sont moins enclins à s’absenter. Mettre en place un système de feedback constructif et de valorisation régulière peut faire toute la différence.
2. Améliorer la qualité de vie au travail (QVT)
Les conditions de travail influencent directement l’engagement des employés. Un environnement stressant ou mal organisé peut entraîner des frustrations qui se manifestent sous forme d’absentéisme. En améliorant la QVT, en offrant plus de flexibilité et en réduisant les sources de stress, les entreprises peuvent favoriser un climat de travail plus sain et plus motivant.
3. Adopter un management bienveillant et participatif
Le rôle du manager est crucial dans la gestion de l’engagement des salariés. Un management autoritaire peut conduire à un désengagement rapide, tandis qu’un management plus participatif, qui inclut les salariés dans les décisions et qui soutient leur développement, renforce l’implication et réduit les absences.
4. Proposer des perspectives de développement
L’absence de perspectives et d’objectifs de carrière est un autre facteur de désengagement. Offrir des opportunités de formation, de développement personnel et d’évolution professionnelle peut aider à maintenir l’intérêt des collaborateurs et leur motivation.
Conclusion
L’absentéisme ne se limite pas simplement à une question d’effectif ; il est souvent le symptôme d’un désengagement des salariés.
Négliger ce phénomène serait une erreur, ses conséquences peuvent être bien plus lourdes qu’il n’y paraît. Il est donc crucial pour les entreprises de lui accorder l’attention qu’il mérite, afin d’éviter une spirale négative.
Attendre qu’il soit trop tard coûte cher ; non seulement en termes financiers, mais aussi en perte de talents et en détérioration du climat de travail.
La prise de conscience est la première étape essentielle. Comprendre que l’absentéisme est un signal d’alerte et non une simple contrainte permet d’agir avant qu’il ne fragilise durablement l’entreprise. Présence Conseil , expert en psychologie du travail, vous aide à décrypter ces signaux et à élaborer un plan d’action sur-mesure, aligné avec vos enjeux et votre culture d’entreprise.
Par Madeleine FOURNIER et Oumaima BCHITOU